DOURO, FAINA FLUVIAL suivi de PORTO DA MINHA INFÂNCIA

Manoel de Oliveira

DOURO, FAINA FLUVIAL
DOURO, TRAVAIL FLUVIAL

Manoel de Oliveira
Portugal, 1931 (Version de 1994), 35mm, 18’

Version originale : Sans dialogue
Photo : António Mendes
Musique : Emmanuel Nunes 

Suivi de:

PORTO DA MINHA INFÂNCIA
PORTO DE MON ENFANCE

Manoel de Oliveira
France, Portugal, 2001, Couleur, 35mm, Stereo, 61’

Version originale : Portugais
Scénario : Manoel de Oliveira
Image : Emmanuel Machuel
Montage : Valérie Loiseleux
Son : Philippe Morel, Jean-François Auger
Avec : Ricardo Trêpa, Jorge Trépa, Maria de Medeiros
Production : Paulo Branco

Et voilà qu’un jeune dandy issu de la bourgeoisie du Porto, champion de saut à la perche, participant à des courses automobiles, passionné de spectacles de cirque et cinéphile (il rêvait d’être acteur), devient en 1931 un très improbable talent de cinéma, porté par la vitesse des avant-gardes de cet art nouveau et fascinant. Son père lui achète une caméra. Autodidacte, avec l’aide de son ami photographe António Mendes, il commence donc à filmer la vie et les activités de ceux qui habitent les deux marges de la rivière Douro, les pêcheurs, les bateaux, le travail : 18 minutes de pur instinct et d’audace, exercice autant artisanal qu’admirable. Résultat ?
La symphonie d’une ville, pas moins importante et sûrement plus humanisée que la filiation cinématographique de ses influences. Le 19 septembre 1931, Douro, Faina Fluvial est présenté à Lisbonne et sifflé, à la stupéfaction de quelques invités étrangers, dont Pirandello, qui aurait demandé si au Portugal l’habitude était d’applaudir avec les pieds… De ce premier et magnifique film qu’Oliveira aimait tant, existent trois versions. La dernière, restaurée et légèrement corrigée au montage par lui-même, en 1995, avec une nouvelle partition de Emmanuel Nunes, est celle que le FID présente. C’est un film affamé, comme il y en a peu ! Commande de Porto 2011 – Capitale Européenne de la Culture tourné 70 ans après Douro, Faina Fluvial, Porto da Minha Infância a une connotation autobiographique évidente. C’est une ville et un port à la fois. Son Porto à lui, Oliveira, et le port de son enfance. Il nous emmène par la main, par la voix off (et celle de sa femme, Maria Isabel), par ses apparitions. Il nous accueille dans son refuge. Un oracle nous prévient : « se souvenir des moments d’un passé lointain, c’est voyager hors du temps.» Or, Porto da Minha Infância n’est que le film de ce temps-là, de ce « il était une fois… » redevenu «être », car dans les films c’est toujours le présent qui compte. Si le cinéma donne ce que la vie prend, voici l’histoire d’un temps volé, puis retrouvé.
(FF)

Fiche technique