LES ALGUES MALÉFIQUES

Entretien avec Antonin Peretjatko

Comme Les Rendez-vous du samedi (2021), Les Algues maléfiques est une satire politique, mais aussi un film d’horreur et de super-héros. Pourquoi ce mélange des genres ?

Le film de genre a toujours été une manière détournée de dire où de dénoncer des faits de société comme le racisme ou l’uniformisation des esprits. La Bretagne n’est pas spécialement connue pour favoriser la lutte contre la pollution tant les lanceurs d’alerte ont pu y être menacés par l’industrie agroalimentaire. C’est donc de manière évidente qu’est venue l’idée de parler des algues vertes à travers le film de genre.

La stylisation des personnages, le rythme endiablé, pourrait d’ailleurs le rapprocher des comics, les BD américaines. Est-ce une source d’inspiration ?

Les personnages sont à rapprocher des comics comme Scoubidou ou ceux de la science-fiction de série Z. Pour autant, le caractère iconoclaste du film se démarque des films américains où généralement la religion et l’ordre moral sauvent le monde. Ici, les zombies sont créés par la productivité

Vous avez choisi comme super-héroïne Alma Jodorowsky et d’autres acteurs familiers de votre cinéma comme Estéban. Comment avez-vous composé le casting ?

Le casting est toujours une opération délicate lorsqu’il s’agit d’un film de groupe. Le choix s’effectue sur la capacité de pouvoir rythmer une scène et de comprendre ce que le jeu burlesque peut amener d’absurde dans une situation. La composition des personnages doit aussi éviter la monotonie. C’est pourquoi on doit inventer des aspérités, même chez les personnages sympathiques, de manière à brouiller les cartes.

Les défenseurs de l’écologie, les véganes sont aussi risibles que leur adversaire politique, le maire corrompu. Tirez-vous tous azimuts pour dénoncer les excès de tous bords ?

La bêtise n’a pas de camp, elle est incarnée dans notre époque par tous ces gens qui disent aux autres comment il faut vivre. Le film montre un conflit entre deux manières de vivre irréconciliables. Cela est symbolisé par les plans sur les chaussures. Si le film est à priori du côté des écolos, il en montre aussi les travers et la complexité.

Propos recueillis par Olivier Pierre