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LE BEL ÉTÉ

On se souvient du dernier plan de Va, Toto ! (FID 2017) : Madeleine disparue, partie rejoindre le marcassin qu’elle a sauvé et vu grandir dans sa maison de Vattetot. Elle réapparaît furtivement au début du Bel Été pour déposer la
jeune Flora chez son voisin Simon. Le spectateur familier du cinéma de Pierre Creton reconnaît le jardin et la maison du cinéaste, devenus scène et décor, pour un été, d’une nouvelle transfiguration de la vie en comédie. Avec Flora, c’est la jeunesse qui jaillit dans la maison, et insuffle au film sa formidable énergie, fraîcheur pop relayée par la musique des Limiñanas. Jeunesse d’Ahmed et Mohammed, deux jeunes migrants échoués en Normandie, à qui Simon et Robert offrent leur toit et le partage de leur existence. En contrepoint à l’insouciance solaire et sensuelle des « enfants », la musique du récit oppose la ligne plus lente, grave et questionnante des adultes. Sophie trompe sa solitude en observant Simon et Robert exposer leur couple au risque de Nessim, l’amant africain rescapé de Calais et de la jungle détruite. Depuis La Vie après la mort (FID 2004), Creton fait de sa maison une chambre d’échos du monde, un refuge où s’expérimente une contre-société utopique du soin, de l’humilité et de la douceur. C’est en prenant soin des enfants que les adultes apprennent à vivre avec leurs blessures et leurs désirs. C’est en regardant vivre les adultes que les enfants apprennent à tisser la vie avec la mort. Jamais ce tissu n’a vibré d’autant de nuances et de contrastes que dans ce Bel Été qui, du récit éponyme de Pavese, n’a gardé que la crudité et une lucidité sans angélisme. N’en déplaise aux cyniques, tout y est vrai, tout a été vécu, éprouvé par l’expérience avant d’être réinventé pour le cinéma. Sans discours ni slogan, Le Bel été pratique la plus concrète des politiques : par l’exemple d’une forme de vie, d’existences risquées en commun, dans l’ouvert des rencontres et des aventures. (C.N.)

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Fiche technique

France / 2019 / Couleur / 81'

Version originale : français. Sous-titres : anglais. Scénario : Pierre Creton (avec l’aide de Mathilde Girard et Vincent Barré). Image : Pierre Creton, Léo Gil Mena. Montage : Pierre Creton. Son : Michel Bertrou. Avec : Yves Edouard, Sébastien Frère, Sophie Lebel, Gaston Ouedraogo, Mohamed Samoura, Amed Kromah, Wally Toure, Pauline Haudepin, Mathieu Amalric, Ariane Doublet, Marie Imbert, Nicolas Klotz.

Production : Andolfi (Arnaud Dommerc).

Distribution : JHR Films (Jane Roger)

Filmographie sélective : Va, Toto !, 2017. Sur la voie critique, 2017. Petit traité de la marche en plaine (coréalisation avec Vincent Barré), 2014. Sur la voie, 2013. Le Marché, petit commerce documentaire, 2012. Le Grand Cortège, 2011. N’avons-nous pas toujours été bienveillants ?, 2010. Le Paysage pour témoin, rencontre avec Georges-Arthur Goldschmidt, 2009. Maniquerville, 2009. L’Heure du berger, 2008.