« Une combinaison de science-fiction, de film d’horreur, de polar et de comédie romantique. Un conte de fées noir pour adultes. » C’est par un tel feu d’artifice délibérément nourri d’un mélange de genres de la culture pop que Daniel Schmidt et Gabriel Abrantes, bien connus tous deux pour leurs nombreux films brefs et joyeusement insolents, définissent Diamantino, leur premier long-métrage. Les personnages de ce cocktail explosif ? Une icône portugaise du football mondial (dans laquelle il sera difficile de ne pas reconnaître un certain Ronaldo, incarné ici par Carloto Cotta, souvent vu chez Miguel Gomes), ses deux sœurs cruelles, des chiens géants à poils longs dont l’aire de jeu est un stade, une nonne, une jeune policière, un adolescent migrant, un savant, une présentatrice télé (la bien réelle et très controversée Manuela Moura Guedes) et d’autres figures singulières. Mais il s’agira moins ici de nous entraîner dans un univers strictement fabuleux que d’éclairer avec les feux de l’ironie, sans crainte de verser dans un humour potache, notre actualité immédiate : manipulation médiatique, manipulation génétique, montée des extrêmes,… Avec ce film, on l’aura saisi, Abrantes et Schmidt revendiquent une fable politique, fabriquée avec tous les moyens plastiques, esthétiques, cinématographiques à leur disposition. C’est pourquoi ils n’ont pas hésité, dans la fabrication de leur pamphlet drolatique, à mêler la belle luminosité du 16 mm au cinémascope, à croiser hologrammes, images de drone et de caméra de surveillance. Le croisement des matériaux et des registres fait du coup de leur film moins une critique que l’apologie en acte, un manifeste à vu, de l’hétérogénéité, du chaos fructueux. (JPR)
Grand Prix de la Semaine de la Critique au Festival de Cannes 2018