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Drift

Helena Wittmann

Dans l’océan primordial nageait un crocodile géant, mêlant eau et boue en un mouvement perpétuel. Jusqu’au jour où un guerrier le tua, provoquant la naissance des continents en séparant l’eau de la terre. Au bord d’une mer du Nord balayée par les vents, Theresa et Joséphine se racontent de mythiques récits des origines, avant de se séparer elles aussi, la première traversant l’Atlantique pour rejoindre les Caraïbes, tandis que la seconde regagne son Argentine natale. Autour de ces deux femmes, Helena Wittmann construit un essai subtil sur l’espace et le temps, dans lequel narration et dialogues sont submergés par la puissance hypnotique des images et des sons, absorbés par l’océan. La caméra en explore la surface changeante et traque des forces invisibles – les mêmes peut-être qui en animent le sommeil profond. Quand le montage ramène à terre Theresa par une étonnante superposition, la mer a laissé sa traîne brumeuse recouvrir les paysages terrestres comme le regard errant de la jeune femme. Exploratrice, artiste ou elle même figure mythologique ? Oscillant entre paysages primitifs laissés aux animaux et lieux familiers de notre quotidien moderne et occidental, Theresa fait figure de passeuse. A son retour, quelque chose aurait-il changé ? Ce mythe de la création, sans cesse rejoué mais toujours inaccessible, se révèle finalement par un lent zoom qui fait lui-même écho au travail fondateur d’un autre artiste, Michael Snow, et relance un cycle sans fin. (CG)

   

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Fiche technique

Allemagne / 2017 / Couleur / 96'