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THE PARENTS’ ROOM

Diego Marcon

Diego Marcon
Qui a vu Monelle (FID2019) ne saurait l’oublier. Génie propre à Diego Marcon, artiste et cinéaste : la fabrique de saynètes explosives, machines élémentaires et puissantes, destinées à imprimer à la fois l’oeil et la mémoire. Ici à nouveau, peu de personnages : dans une chambre à coucher, près de la fenêtre, un homme assis sur le lit défait, puis ses deux enfants, et leur mère enfin. Chacun arborant pour faciès un masque grimaçant, à la Paul McCarthy. Ici encore, du son, décisif : une chansonnette égrenée, terrifiante, qui narre l’infamie avec douceur. Film d’horreur en ramassé, cette chambre révèle sous la douceur domestique la vérité qui agite le noyau familial : le crime.
(Jean-Pierre Rehm)

Entretien avec Diego Marcon

Votre film semble être inspiré par des faits réels. Pouvez-vous expliquer le choix et le processus d’écriture de la musique et des paroles ?
J’ai commencé à explorer l’idée d’utiliser la musique en tant qu’élément de structure pour une œuvre précédente, Ludwig, de 2018, une vidéo entièrement en effets spéciaux numériques. Avant ça, j’ai travaillé avec quelques autres techniques d’animation, telles que l’animation directe, l’animation de papiers découpés ou l’animation traditionnelle. Quand j’ai commencé à imaginer La Camera degli Genitori, en janvier 2019, je voulais réaliser un film en stop-motion, en essayant de minimiser le mouvement saccadé, typique de cette technique, que je n’ai jamais beaucoup aimé. Alors, j’ai pensé que si je pouvais utiliser un décor à taille humaine, en habillant des êtres humains en marionnettes, ce problème serait résolu. Le sujet du film s’est articulé naturellement autour de cette idée.

Vous avez choisi de faire porter des masques grotesques à vos personnages. Pourquoi les faire apparaître de cette manière ?
Une référence importante pour Lorenzo Cianchi (le créateur des effets spéciaux) et moi est The Nutty Professor, où il y a des masques hyperréalistes géniaux. Notre but était de créer des masques comme ceux-là, hyperréalistes.
Pour l’instant, je n’ai pas le désir de me confronter moi-même ou ma façon de travailler avec les comédiens et leur jeu. Faire porter des masques et des prothèses évite la possibilité de montrer les émotions du visage. Du coup tout est devenu plutôt bizarre.

L’inertie et le suspens sont très importants dans votre film, à la fois au début et à la fin. Pourquoi avoir choisi ce rythme ?
La Camera degli Genitori est censé former une boucle parfaite, mais une version théâtrale oblige à décider clairement d’un début et d’une fin dans ce qui est un cercle parfait. C’est quelque chose qui peut radicalement changer l’impression que donne l’œuvre. Je crois que dans un si court laps de temps, beaucoup de choses se passent dans la première partie du film, tant au son qu’à l’image, et que pour que ce soit bien perçu, tout cela avait besoin d’espace.

Propos recueillis par Nathan Letoré

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Fiche technique

Italie / 2021 / 10’

Version originale : anglais.
Sous-titres : anglais, français.
Scénario : Diego Marcon.
Image : Pierluigi Laffi.
Montage : Diego Marcon.
Musique : Federico Chiari.
Son : Federico Chiari.
Production : Jacqui Davies (Primitive Film), Camilla Romeo (Camilla Romeo).
Filmographie : Ludwig, 2018. The Little Sick Boy, 2018. Monelle, 2017.