Le soleil tape fort, le paysage s’en est trouvé façonné : tout d’aridité. Décor caractéristique du Sud de l’Italie, l’action est située en fin de 19ème siècle. Au beau milieu de ce désert, une paysanne, la « créature » du titre, reçoit la visite mystérieuse d’un Saint qui l’invite à entreprendre un pèlerinage vers une direction inconnue. Le périple ne sera pas de tout répit et les malentendus entre les exhortations du Saint et la compréhension bornée de la paysanne ne feront qu’amplifier les obstacles semés sur sa route. Les réalisateurs Gaia Formenti et Marco Piccarreda ont choisi ici, on l’aura compris, de se placer dans la tradition de la comédie grinçante. Plus précisément du côté de la fable et de sa stylisation, là où les êtres et les éléments tombent sous le joug d’une fatalité implacable dont le soleil est une figuration sans l’échappée d’une ombre. Mais si l’on saisit aisément la filiation avec un certain cinéma italien, Pasolini, par exemple, ce qui frappe ici, c’est en définitive l’absence de conclusion véritable. Tout se passe comme si la brutalité du schématisme qui saisit êtres et choses n’était jamais adoucie par une quelconque interprétation finale : le récit se déroule sans pour finir faire jaillir aucune explication, aucune forme de rédemption : les événements ont lieu, s’enchainent, et se répètent. Sous les rayons du soleil, tout reste néanmoins soumis à la morsure d’une éternité glaciale, infernale. (J.P.R.)
Gaia Formenti