DERECHOS DEL HOMBRE

Quatre ans après El Complexo del Dinero (Le Complexe de l’argent), son premier long-métrage, Juan Rodrigáñez réunit le même groupe de comédiens- artistes-performeurs, pour les métamorphoser cette fois en gens de cirque. L’Indomptable, appellation de cette nouvelle troupe, comme Les Droits de l’Homme, titre de leur spectacle (et celui du film), sont tous deux empruntés aux noms des navires du Billy Budd, dernier livre posthume de Herman Melville. À la différence du roman américain pourtant, très sombre on s’en souvient, le récit se cantonne ici aux ambitions ciblées par ce cirque : faire de l’art digne de ce nom, qui ait en outre un réel impact social. Mais ces arlequins passeront au final l’essentiel de leur temps à ergoter sur divers sujets : la beauté du paysage, les qualités de l’architecture vernaculaire, les performances des uns et des autres, sans que l’ensemble du spectacle semble beaucoup progresser. La singularité et la réussite du film de Juan Rodrigáñez tiennent au mélange savant, sel véritablement comique, entre arguties théoriques et tentatives de numéros de cirque, entre interrogations authentiquement valides et vanités des situations. Sous un horizon de comédie parfaitement réjouissante (comment imiter un ours, un poisson sur la berge, par exemple) ne cesse de croître une amertume qui gangrène jusqu’à la beauté du paysage. (J.P.R.)