Le film respire le collectif, tant dans sa fabrication que dans le contexte qu’il explore : la jeunesse de la rue Joliette qui se prépare à fêter le 14 juillet. Comment s’est déroulée votre relation avec le quartier tout au long du processus de création ?
La relation entre nous c’est la fraternité. Depuis qu’on est bébé, c’est comme ça. On s’est toujours bien entendus, et maintenant qu’on a grandi, c’est encore mieux, il y a une connexion.
Dans le quartier, avec le Polygone étoilé¹, et nous ne sommes pas les premiers à faire un film. Il y a déjà nos grands frères qui ont fait des films, et nos petits frères en font aussi. Certains d’entre nous ont déjà fait plusieurs films : quand on était petits, on sortait des imaginations très excentriques, on vendait des kinder bueno, on se déguisait. Maintenant on n’a pas les même pensées, pas la même mentalité, pas la même voix, pas la même taille, mais la caméra tourne encore.
La forme de filmer est très libre et résonne avec l’esprit insouciant et festif des jeunes. Pouvez-vous expliquer les idées et les principes qui ont guidé le tournage ?
Le principe qui a guidé le film c’était la bonne humeur. Il n’y avait pas d’idée au début, mais Matti et Nicola apportaient la caméra pour filmer. Après, l’ambiance entre nous et la présence de la caméra ont donné ce résultat : on ne voulait pas montrer des fumeurs de joints, parce que les enfants allaient regarder le film, et c’est une mauvaise image, c’est pas bon, et ça tue, et ça fait perdre de l’argent. Nous n’avons pas forcement une vie facile, il y a des hauts et des bas, mais pour ce film nous avons voulu montrer un moment joyeux. Le 14 juillet, c’est une fête nationale, nous en avons fait profiter les petits de la Joliette, c’est notre façon de fêter ça.
Le film se termine par une séquence dans laquelle les images filmées deviennent partie intégrante d’un concert, et le film se transforme en une véritable fête. Comment est née cette séquence finale ?
Ça s’est fait seul. On était dans la salle de cinéma du Polygone étoilé. On regardait les scènes qu’on avait filmé pour finir le film, pour voir s’il était bien fait, si on entendait bien le son. Et au final, ça nous a plu. Mamadou a pris le micro, on s’est levés et on a dansé devant les images.
1. Le polygone étoilé est un espace de fabrication et de diffusion cinématographique dans le quartier de la Joliette à Marseille. Dès sa création, il est posé comme fondation de sa présence dans le quartier le partage du cinéma et de ses outils entre auteurices et habitant·e·s, et des ateliers cinématographiques sont menés par des cinéastes depuis 20 ans.
Propos recueillis par Margot Mecca