La section Autres Joyaux rassemble des films restaurés et des coups de cœur présentés en première mondiale ou découverts dans d’autres festivals.
« Le mystère, très rare, de certaines présences sur une scène était la chose la plus importante, beaucoup plus que ce qu’on nomme une vie ».
Jean-Jacques Schuhl, Ingrid Caven, 2000.
Ainsi parle l’écrivain de la femme dont il partage la vie. Ce très rare mystère est aussi celui de la présence d’Ingrid Caven à l’écran, des premiers films de Rainer Werner Fassbinder à la fin des année soixante à ceux auxquels elle se prête encore cinq décennies plus tard. C’est le mystère des êtres qui ne se laissent jamais domestiquer, dont l’inappropriable aura transforme et transfigure l’image ou le chant qui en reçoit l’éclat.
Ingrid Caven chante, mais elle est plus qu’une chanteuse : depuis son premier spectacle en 1976, mis en scène par Werner Schroeter, chacune de ses performances scéniques est l’invention d’une forme nouvelle, traversée en courts-circuits électriques d’une histoire du chant. Voix et gestes d’acrobate à couper le souffle, figures risquées sur un fil tendu entre les extrêmes, de Brahms à Kraftwerk, de la rue à l’opéra.
Ingrid Caven joue, mais elle est plus qu’une actrice. Icône subversive pour le public, elle fut pour quelques-uns des plus grands cinéastes des années 70 – Schroeter, Fassbinder, Schmid – une force d’inspiration et une complice de travail incomparable.
Du 25 au 30 juin prochains, Ingrid Caven sera l’invitée du FIDMarseille pour un programme retraçant plus de cinquante ans de jeu et de chant. Chefs d’œuvre d’Eustache (Mes petites amoureuses), Schmid (La Paloma), Fassbinder (L’année des treize lunes), films rares et/ou méconnus, spectacles filmés inédits, écoutes surprises, rencontres…
LE NOUVEAU DISQUE D’INGRID CAVEN EN AVANT-PREMIÈRE
Album publié par le label Tricatel
MERCREDI 26 JUIN | 19H30 | CINÉMA ARTPLEXE
Entrée libre et gratuite dans la mesure des places disponibles.
L’invitation d’Ingrid Caven est l’occasion de dévoiler son nouveau projet musical, dans le cadre d’une soirée spéciale, en sa présence et celle d’Albert Serra, co-producteur de l’album.
Ingrid Caven
Heidschi Bumbeidschi
16 moments de ma vie
Ingrid Caven a écrit les textes et les mélodies de base pour ces chansons autobiographiques. L’idée originale est du cinéaste Albert Serra dont le groupe « The Molforts » signe la musique électronique.
Cette suite de chansons est interprétée par Ingrid Caven de sa voix rauque venue des usines de Sarrebruck et des ruines. Il y a le chaos de la maladie depuis l’enfance sous les bombes de la guerre jusqu’à la psychanalyse et au-delà… Mais il y a aussi la musique comme secours.
Cela donne musicalement une confrontation (et la conjugaison) de simples mélodies « à l’ancienne » avec l’atmosphère sophistiquée d’une musique électronique sous la direction d’Albert Serra.
Ici et là aussi des bribes de mélodies qui ont accompagné la vie d’Ingrid Caven depuis sa petite enfance et sur lesquelles elle a écrit de nouvelles paroles (de La Lorelei, « Heidschi Bumbeidschi », « Lili Marleen », Mignon, valse de Vienne, jusqu’à Arnold Schönberg et Peer Raben…).
Animée par Claire Allouche (Cahiers du cinéma).
Elle a partagé avec Ingrid Caven l’affiche de Belle dormant, d’Adolpho Arrietta (2016). Elle intrigue et fascine au cœur d’un des plus beaux films de ces dernières années (Music, d’Angela Schanelec). Parce qu’Agathe Bonitzer est une jeune actrice, il ne s’agit pourtant ni de lui rendre hommage, ni de célébrer sa carrière par une rétrospective. De carrière il ne sera pas question, tant sa filmographie se construit selon d’autres exigences. Celles d’une actrice cinéphile, passionnée par l’histoire du cinéma et soucieuse de ses devenirs, attirée davantage par le travail des cinéastes que par les performances qu’ils lui offrent. De quoi s’agit-il alors ? De travail, précisément. De faire le point sur le travail d’une jeune actrice, aujourd’hui. D’entrer dans des films, dans la fabrique du cinéma via la parole et le travail d’une actrice.
Au fil de sa non-carrière, Agathe Bonitzer a joué dans plusieurs films d’une immense cinéaste, auteure discrète d’une des œuvres les plus précieuses du cinéma français : Sophie Fillières, sa mère. Dialogues brillants et personnages fêlés au service d’un examen à la fois drôle et désespéré des choses de la vie : ses six longs-métrages ont profondément renouvelé l’art de la comédie. Décédée juste après le tournage du septième, elle a demandé à ses enfants de terminer le film.
Agathe Bonitzer sera présente toute la semaine pour accompagner ce programme composé de films dans lesquels elle a joué et d’un hommage à Sophie Fillières.
En partenariat avec la Cinémathèque Française, qui consacre à Sophie Fillières une rétrospective complète en septembre, à l’occasion de la sortie en salles de Ma vie ma gueule.