Trois ans après Pénélope mon amour (FID2021), Claire Doyon donne des nouvelles de sa fille, jeune adulte autiste mutique. Elle le fait par le détour d’une lettre adressée à d’autres parents, responsables d’un lieu de vie où Pénélope, finalement, ne vivra pas. La lettre formule la raison de cette décision : un désaccord sur le mode d’accueil, soit de création d’un commun pour les êtres que la privation de parole empêche d’exprimer leur désir. En un réflexe appris chez Deligny, Claire Doyon interroge la bonne conscience éthique pour en révéler l’impensé normatif et retourner les questions : Qu’est-ce qu’un geste libre ? Qu’est-ce qui conditionne le moindre geste ? Qu’est-ce qui nous manque, à nous, pour être à la hauteur des gestes et de la joie de Pénélope ? Tandis qu’à l’écran, imprimés au fil des jours sur la pellicule 8mm, ces gestes et cette joie, leur éclat magnifié par le montage, imposent l’énigme de leur évidence.
Cyril Neyrat