• Compétition Internationale

L’encre de Chine

Ghassan Salhab

“J’ai longtemps hésité. Plus d’un pas en avant, plus d’un en arrière, plus d’un de côté. Des milliers de fois le même regard à travers les fenêtres de mon bout du monde” annonce Ghassan Salhab en amorce d’Encre de Chine. Et de fait le chemin sera inquiet, tout en méandres, nourri de réminiscences. D’une photo d’enfance au Sénégal, par où débutait 1958 (FID 2009), à Beyrouth ou aux hauteurs du mont Liban où se déroulait La montagne (FID 2011) le cinéaste évoque l’engagement, la culpabilité, la guerre avec sa barbarie originelle. En sort un film hanté par la mort et les disparus, marqué par l’histoire récente du Liban, faisant retour sur une génération pour laquelle autobiographie et histoire nationale sont indissociables. Le cinéaste y invite Pasolini, Koji Wakamatsu, Paul Celan ou bien encore Anna Akhmatova comme le Comité invisible pour l’accompagner.
Les images sont habitées par leurs voix, leurs mots, leurs langues qui bruissent, résonnent, se superposent, s’entrechoquent en une polyphonie dense. Et le cinéaste d’esquisser un monde intérieur alors que les fenêtres, unique lien vers l’extérieur, deviennent cadre et miroir où inscrire un visage, tout en tendant vers un paysage où habiter. Ainsi se déploie un mouvement entre le dedans et le dehors, le passé et le présent. Se dessine alors tant un autoportrait crépusculaire qu’une adresse, pour les autres, pour soi, suivant en cela le fameux vers de Celan offert en fin : “Tenir-debout-pour-personne-et-pour-rien.”
(NF)

  • Compétition Internationale

Fiche technique

Liban, 2016, Couleur, Mixed Media, Stéréo, 55’

Version originale : français, arabe, allemand
Sous-titres : français
Image : Ghassan Salhab, Bassem, Fayad, Nadim Saouma
Montage : Ghassan Salhab
Son : Ghassan Salhab, Rana Eid

Avec : Adel Nassar

Production : Ghassan Salhab (mirrors)

Filmographie
La Vallée, 2014
La Montagne, 2010
1958, 2009
(Posthume), 2007
Le dernier homme, 2006
Terra Incognita, 2002
Beyrouth Fantôme, 1998