• Compétition GNCR

JUSTE UN MOUVEMENT

Vincent Meessen

Vincent Meessen poursuit avec Juste un mouvement son exploration des contrechamps et des hors-champ des imaginaires politiques et des récits occidentaux, comme Un. Deux. Trois. (2015) qui remettait en perspective la mythologie de l’Internationale Situationniste vue depuis Kinshasa. Le pivot cette fois, c’est La Chinoise de Jean-Luc Godard, tourné à Paris en 1967, avec Anne Wiazemski en étudiante et Jean-Pierre Léaud en acteur, mais aussi, audétour d’un cours sur les « perspectives de la gauche européenne », Omar Blondin Diop, jeune étudiant en philosophie militant et inconnu des milieux du cinéma. Filmant depuis Dakar Meessen choisit de diffracter les perspectives. En menant d’abord une enquête, nourrie de souvenirs et de riches analyses de proches, filmés comme hors du temps, où se révèle peu à peu Omar, devenu figure centrale. Par un jeu de miroirs et d’écarts, Meessen convoque aussi les images, les époques et les discours : le maoïsme militant des années 60 à Paris et à Dakar. Et son actualité : la forte présence chinoise aujourd’hui au Sénégal. Dialogue fertile entre l’espace de La Chinoise et le Sénégal actuel, où résonnent des images contemporaines avec des sons du film et inversement, jouant parfois des cartons du film, ou imbriquant un plan, voire une séquence, comme celle du train où la réflexion de Felwine Sarr se substitue à celle de Francis Jeanson. « Il faut confronter les idées vagues avec des images claires » est-il rappelé, convoquant le célèbre aphorisme de La Chinoise. Et ici non pas par un mouvement juste comme l’énonce un maître de shaolin sénégalais, mais juste un mouvement, écho supplémentaire au Godard de Vent d’est. Par un art consommé du montage et du dépli des récits, foisonnant de reprises et de commentaires indirects distillés, le film opère ainsi un véritable retournement.

(Nicolas Feodoroff)

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Fiche technique

Belgique / 2021 / 110’

Version originale : chinois, français, wolof.
Sous-titres : anglais, français.
Scénario : Vincent Meessen.
Image : Vincent Pinckaers.
Montage : Simon Arazi.
Son : Laszlo Umbreit.
Production : Geneviève de Bauw (Thank You & Good Night productions), Olivier Marboeuf (Spectre).
Filmographie : Quelle que soit la longueur de la nuit, 2020. Ultramarine, 2018. One.Two.Three, 2015. Clinamen Cinema, 2013. Vita Nova, 2009.

ENTRETIEN AVEC LE RÉALISATEUR