Le début ? Celui d’un conte de fées : les animaux de la forêt vivent heureux dans leur habitat naturel, qu’ils nomment leur maison. L’animation, magnifique, mêlant papier mâché, sérigraphie, traits de couleur aux feutres, crée une ambiance de gaieté bonhomme, tandis que la bande son mélange bruitages et mélodies faussement enfantines. Tout souligne le caractère idyllique. Mais un jour, les animaux rentrent d’une virée au soleil pour trouver leur maison dévastée, les arbres réduits à l’état de souches, la forêt transformée en terrain vague. La première solution sera le recyclage low-tech, qui fait de nécessité vertu : ils découvrent une décharge et émerveillés par les matériaux qui s’y amoncellent, les utilisent pour se refaire un habitat. Mais le premier coup de vent vient tout balayer. C’est seulement lorsque les animaux font la rencontre des humains, et tentent divers stratagèmes pour entrer en contact avec eux pour leur communiquer l’importance de la forêt, que pourra s’ébaucher une solution commune. Dans les aventures de cette troupe d’animaux archétypale (l’ours, le loup, l’oiseau qui sème des graines à la façon du Petit Poucet), le couple d’animateurs évoque la destruction environnementale en renversant l’iconographie du conte : la forêt, d’espace inquiétant, devient l’espace accueillant opposé au malaise de la civilisation ; la parabole n’y est plus celle de la formation du jeune héros, mais du dépassement de l’obsession industrielle de l’Homme. (N.F.)
Cristóbal León
Cristobal Leon