Syrie. Parmi les dévastations de la guerre, il y a aussi ceci, plus discret, néanmoins vital : l’exil. Partir, rester ? Question à laquelle s’attèle Liwaa Jazji. Le lieu de ce déchirement de soi à soi sera la maison comme espace physique, comme lieu de la mémoire des gestes et des corps, comme réceptacle de nos objets familiers.
A la question où aller, suit celle-ci : que laisse-t-on derrière soi ? Un ancrage, qui passe par une vie matérielle que l’on habite. Pour l’un ce seront 50 années qui se sont effondrées avec cette maison qu’il avait construite pas à pas, aménagée, où toute une vie s’était installée, réfugié désormais, ironie cruelle, dans des ruines anciennes. Pour ce couple, images spectrales via skype, on suit les doutes alors que l’échéance du départ s’approche, entre l’absolue nécessité de partir et le désir de rester. Puis cet homme dont on parcourt l’appartement, non résolu à partir, mais dont toutes les affaires sont prêtes, toujours prêt à partir, mais qui reste. Ou cet autre dont la terre d’exil sera le Golan, chez l’ennemi de toujours. De l’un à l’autre, depuis Beyrouth, des camps au Liban ou depuis Damas, ce seront autant de destins d’anonymes, ballottés par les grands mouvements de l’Histoire, leur perte d’un monde familier, de bien plus aussi. De fantômes qui hantent autant les villes désormais désertées que ceux qui sont acculés à tout quitter. (NF)