Le 18 janvier 2022, je filmais à 4800 mètres d’altitude, au sommet du volcan Cumbal, au sud de la Colombie.
Mon ami biologiste et moi, avions remarqué sur le chemin des éraflures sur des énormes rochers. Notre guide, originaire du peuple autochtone Quillasingas, nous a expliqué qu’avec le temps et les mouvements sismiques, les pierres qui auparavant demeuraient collées les unes contre les autres bougeaient, et leur mouvement provoquait des frottements similaires à des griffures, laissant ces traces à leur surface.
Sur ce volcan, j’ai pensé aux images qui s’imprimaient sur ma pellicule, comme si la lumière et le temps rentraient avec leurs griffes pour caresser la surface filmique, comme si les fantômes du temps se logeaient sur les couches matérielles du celluloïd.
Cette expérience m’a amené à construire le projet de Malpaís. Dans ce projet, le territoire est un personnage à part entière. Mon désir de tourner ce film dans un territoire volcanique s’est affirmé lorsque j’ai découvert ces plaines désertiques recouvertes par les lichens et fougères, par ses coulées de lave desséchée, par son relief escarpé et sauvage.
Malpaís naît de l’envie de mettre la terre, le corps et la matière au centre. Je m’intéresse à décentrer l’humain à partir de la thématique du mythe et du folklore populaire, tout en revendiquant le triomphe de la vie dans ses formes libres, contradictoires et fragmentées. Le film propose ainsi un retour à l’hybride, au magique et à l’ancestral.