Fleur de bambou

En étudiant Le radeau des cîmes, une mission scientifique menée au Laos par le botaniste Francis Hallé, j’ai découvert que les bambous ne fleurissent pas tous les ans mais tous les vingt ans, cinquante ans, cent ans, voire plus selon les espèces. Dans ce fait scientifique, j’ai vu une métaphore puissante de l’histoire du pays lao, qui sait renaître quand on le croit disparu. De là est né le désir de faire un film d’aventure, car la mission d’exploration structure l’histoire de France en même temps qu’elle est constitutive de ce qu’est l’art cinématographique depuis ses origines. Fleur de Bambou se développe ainsi dans une rêverie du Laos comme contrée inexplorée, dernier paradis sur terre et donc menacé de disparition. Le récit de l’exploration coloniale du Mékong par le Capitaine Henri De Castel s’enrichit des enjeux écologiques contemporains de Francis Hallé. C’est une nouvelle occasion, pour mon producteur et moi, d’approfondir notre investigation du Laos, terre de cinéma dont la photogénie ne cesse de nous émerveiller. Dans Tuk tuk, nous avions filmé ses routes de terre rouge. Dans Goodbye Mister Wong, nous entraînons les spectateurs dans le bleu infini d’un lac de montagne. Fleur de bambou nous entraînera dans la splendeur émeraude des forêts du Nord Laos, en faisant encore le choix de la pellicule, car il exprime notre désir d’un cinéma qui se souvient de ses vies antérieures et ne cesse de questionner son devenir.