Disco Fever est un film dont la forme de faux making-of documente la préparation et le tournage d’un pilote de série sur le patient zéro du SIDA : Gaëtan Dugas. Fêtard invétéré et victime précoce de l’épidémie (1984), ce jeune steward canadien aux mille conquêtes a été très tôt considéré comme responsable de la contamination de centaines d’Américains et demeure aujourd’hui l’un des mythes gays fondateurs de l’Amérique contemporaine. Anti-héros d’une tragédie qui influence toujours notre époque, il n’a été que très récemment réhabilité par un documentaire, sorti en 2019.
Je m’intéresse particulièrement à la question de la mémoire et à l’influence que les mythes contemporains ont sur la construction de nos identités ainsi qu’à la manière dont ces identités sont sans cesse reconfigurées par les médias de masse et les nouvelles technologies. En suivant l’acteur en charge d’incarner le rôle dans la quête de son personnage, le film croisera images réelles, images d’archives, images de téléphone et 3D, pour documenter les fantômes d’une ville qui a été l’épicentre mondial de la fête Disco et de l’épidémie de SIDA : New York City.
Comment cette mémoire est encore active dans les corps et les représentations des hommes gays américains aujourd’hui, dans une époque marquée par une pandémie mondiale qui, via Grindr, a vu exploser la pratique du chem sex ? Comment le spectre du SIDA plane encore sur la jouissance et la libération de nos corps queers ?