L’état désespéré de l’Europe contemporaine est le passé qui a jeté une ombre obsédante dont il est difficile d’émerger. Les problèmes apparus à la fin de la Seconde guerre mondiale ont été gérés dans l’amertume, d’abord par une division construite artificiellement, puis par une autre division, cette fois-ci générationnelle. Les deux ont utilisé la violence et le conflit comme seuls moyens d’expression.
Il me semble que nous ayons besoin, pour comprendre les échecs du présent, d’examiner plus précisément ceux du passé. Nous sommes encore définis par les limites établies il y a un siècle. Les acteurs clés qui ont dessiné la fin du XXème siècle contrôlent encore le récit qui façonne notre présent.
Pour moi, la question de savoir comment et qui a forgé ces perspectives est devenue primordiale pour comprendre comment nous en sommes arrivés là. Les réseaux secrets des États ne se sont pas dissous avec la Guerre froide, mais se sont centralisés à l’intérieur des gouvernements. Les accords financiers sont devenus les standards de la diplomatie internationale, les États européens ayant vendu leurs atouts nationaux clés, de l’industrie aux clubs de foot, dans l’espoir de gagner du pouvoir. Les échecs des années 70 et 80 ont creusé la seule route possible, mais sommes- nous à bord de l’Eurostar, ou au fond des eaux sombres du Kanal d’Andrej Wajda ?