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“LOLO&SOSAKU” THE WESTERN ARCHIVE

Sergio Caballero

Lolo et Sosaku sont deux artistes sonores dont le travail consiste en mécanismes de boucles répétées à l’infini, à base de heurts, de chocs, de chutes, de claquements… Sergio Caballero les filme en tant que héros d’un western spaghetti, arpentant un désert où ils font face à leurs œuvres réinvesties comme figures archétypales : le mécanique y figure l’organique, le gadget se fait coyote, serpent, ou six-coups, la voiture démantelée devient diligence, le rythme pulsation de danger. La musique y joue son rôle dramatique classique avant de se révéler issue d’installations sonores plus anciennes, montrées dans de longs travellings qui les réinscrivent dans leur environnement muséal originel. Et au milieu rôdent deux présences rouges menaçantes…

Nathan Letoré

Quelle est votre lien avec le travail de Lolo & Sosaku ? Comment ce projet de film a-t-il vu le jour ?

Je connais Lolo & Sosaku depuis de nombreuses années ; nous avons collaboré sur de nombreux projets. Ils ont été sélectionnés plusieurs fois à Sónar, un festival que je codirige ; ils ont également participé à plusieurs de mes précédents films et nous avons partagé un studio pendant quelques années. L’idée de réaliser un documentaire à leur sujet est née d’une conversation avec Silvana Fiorese, conservatrice du DART Festival de Barcelone, consacré à l’art par le prisme du film documentaire. Elle m’en a donné l’idée alors qu’elle quittait une séance du festival ; cela m’a surpris, intrigué, et j’ai décidé de le faire.

Vous choisissez de ne pas les filmer au travail, ni lorsqu’ils parlent de leur travail, mais plutôt d’intégrer ce travail à l’univers du western spaghetti. Pourquoi avez-vous choisi d’aborder leur travail de cette manière ?

Je voulais éviter les écueils du documentaire typique où les artistes ont l’air de s’autocongratuler sur leur propre intelligence, leurs lectures et la profondeur de leur travail. Je voulais briser le moule des documentaires d’art. J’ai donc proposé de faire un western, où, en pleine nature, on les verrait commettre toute une série d’actes irrationnels. Il s’agissait pour moi de montrer leur énergie créative, en quoi leurs œuvres ou leurs installations découlent du jeu et de l’improvisation. Au début, ils ne voulaient pas faire de western, encore moins porter un chapeau de cow-boy, mais je les ai convaincus…

Cependant, vous montrez également leurs installations dans les musées ou les galeries où elles sont exposées. Pourquoi quitter occasionnellement le monde du western ?

Parce que je voulais montrer leurs œuvres ou installations précédentes de manière insolite. Pour moi, c’est une fiction/documentaire, et je voulais que le film serve aussi de vitrine à leur travail.

Le son est extrêmement important dans le film ; il vous arrive même d’utiliser le son des installations de Lolo & Sosaku comme bande son dramatique avant d’en révéler la source. Vous choisissez également de n’inclure aucun dialogue. Comment avez-vous envisagé la place du son dans votre film ?

Sosaku ne voulait pas parler dans le film et Lolo parle trop. J’ai donc décidé que le film serait muet. Dans tous mes films, c’est le son généré par l’action elle-même qui construit le récit. Je n’utilise de la musique que lorsque cela est justifié et jamais pour amplifier le sens émotionnel du film.

Vous créez un duo d’antagonistes, presque entièrement vêtus de rouge. Pourquoi cette présence menaçante ?

Si vous voulez, on pourrait en parler comme d’une représentation de leur Id en lutte constante avec leur Ego, mais en réalité, c’est beaucoup plus simple… Pour faire un bon western, il faut des coups de feu et des personnages qui se font tirer dessus, je les ai donc créés. Les habiller en rouge et les affubler de perruques permettait à n’importe quel.le membre de l’équipe de jouer les doublures. Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple…

Entretien traduit par Ewen Lebel-Canto

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Fiche technique

Espagne / 2024 / Couleur / 66'

Version originale : sans paroles
Sous-titres : sans sous-titres
Scénario : Sergio Caballero
Image : Claudia Mallart
Montage : Martí Roca, Bernat Vilaplana, Sergio Caballero
Musique : Lolo & Sosaku , Sergio Caballero
Son : Borja Barrera

Production : Ventura Barba (Sonar), Sergio Caballero (Sonar), Jesús Ulled (Sonar)
Contact : Silvana Fiorese

Filmographie :
Finisterrae (2010)
Ancha es Castilla/N’importe quoi (2013, short)
La distancia/The Distance (2014)
Je te tiens (2019, short)
« Lolo&Sosaku » The Western Archive (2023)