En ouverture, Los Angeles aujourd’hui, au crépuscule. Dans ce premier volet d’une série annoncée sur la police au États-Unis, Travis Wilkerson s’attache à retracer les débuts des activités de la section Red Squad de la police municipale, placée sous la férule zélée de sa figure de proue dans les années 20 et 30, William « Red » Hynes. De lui, nous ne verrons qu’un visage et un geste, revolver braqué sur celui qui l’a photographié. Sa mission ? Traquer, débusquer, menacer les militants communistes. Infiltration, intimidation étaient le lot de cette milice politique créée expressément pour briser toute velléité de mouvement social ou politique. Croisant les luttes d’aujourd’hui, esquissées, et celles d’hier avec les comptes-rendus détaillés de la répression d’alors qui parcourent le film, voile recouvrant les images du présent, Wilkerson crée une surimpression autant métaphorique que réelle. Si les méthodes ont changé, au grondement sourd et déterminé des manifestants d’aujourd’hui, entendu en off, répond néanmoins le grondement lancinant du survol des hélicoptères. Avec pour décor une Los Angeles contemporaine marquée par les effets de cette police jusque dans sa configuration actuelle, ville quadrillée, segmentée par des barrières, murs et autres barbelés omniprésents. Les temps semblent se répéter.
Nicolas Féodoroff