En 1999, le sud du Liban est encore occupé. S’y trouve un camp de détention, Khiam, de sinistre réputation, dont n’existe aucune image. C’est à cette date que Joana Hadjithomas et Khalil Joreige décident de rencontrer six prisonniers récemment libérés. Ceux-ci font le récit de leur expérience de détention et témoignent du rapport qu’ils ont développé chacun, activité de résistance et de survie, avec une pratique artistique. Les questions portent indirectement sur les modes de représentation. Comment raconter une incarcération, ses humiliations, ses douleurs : toute cette part infigurable de la violence carcérale ? Comment donner forme à son échappatoire ? Libéré en mai 2000, le camp est transformé en musée, puis, lors de la guerre de Juillet 2006, entièrement détruit sous les bombardements. Il est envisagé aujourd’hui de le reconstruire à l’identique. Huit ans après le premier tournage, les cinéastes retrouvent les six détenus. Ils évoquent cette fois avec eux la libération, puis la destruction du camp, et enfin sa reconstitution. La mémoire, l’Histoire, la commémoration et le pouvoir de l’image, tels sont les clefs de ce film en deux volets.
Jean-Pierre Rehm
Entretien avec Joana Hadjithomas et Khalil Joreige à propos de Khiam 200-2007, paru dans le quotidien du FIDMarseille du 2 juillet 2008