Bab Sebta signifie en arabe La porte de Ceuta, du nom de l’une des deux enclaves espagnoles situées au nord du Maroc. C’est en direction de ce nom, de ce seuil, que convergent la plupart des émigrants du continent africain qui désirent rejoindre l’Europe. Marqués en 2005 par les images sur-médiatisées de ces grappes humaines accrochées aux grilles de cette frontière voulue infranchissable, les réalisateurs Pedro Pinho et Frederico Lobo en ont pris le contre-pied : remonter le fil, prendre le temps de la rencontre. Images d’origine vite exhibées au début du film afin de mieux s’en débarasser, pour ensuite s’attarder sur des gestes quotidiens. Gestes de la survie, des désirs ou des peurs exprimés par ces candidats à l’exil. Le film propose ainsi un parcours à rebours à travers le continent. Quatre lieux aux géographies distinctes, montrés successivement du plus près au plus éloigné, des faubourgs de Tanger jusqu’à la Mauritanie, en passant par les campements de fortune érigés autour d’Oujda.
De longs moments où l’on s’attache aux parcours de quelques-uns, proche de la force qui les anime, unis ici dans ce projet commun. L’angoisse de se faire arrêter, refouler, déporter dans le désert, et par dessus tout le désir de partir, coûte que coûte. Entre attente et espoir de passer un jour, les multiples récits se croisent et se répondent faisant écho à la diversité des langues.
Nicolas Féodoroff
Entretien avec Pedro Pinho et Federico Lobo au sujet de BAB SEBTA paru dans le quotidien du FIDMarseille du 3 juillet 2008