Après A short story about Indio Nacional présenté au FID en 2006, Autohystoria était salué par le jury en 2007. Ce dernier film évoquait, en la replaçant de nos jours, un épisode de l’histoire de la lutte pour l’indépendance philippine. Avec Possible Lovers, Raya Martin en propose, sinon une suite explicite, au moins un écho évident. S’y retrouvent le couple des jeunes protagonistes, la passion de l’aube, le mutisme des personnages partagé avec celui du cinéma des origines. Si Autohystoria faisait déjà preuve de grand dépouillement, favorisant le plan séquence qui accentuait un découpage minimaliste, Possible Lovers s’engage sur une voie plus radicale encore. L’héritage wharolien manifeste ici ne devrait cependant pas aveugler. La frontalité audacieuse n’est au service d’aucun monolithisme, ce sont au contraire dans d’infinis détails, notamment sonores et lumineux, soudain à disposition, que se joue cette fin de partie.
Reste l’invite proposée par le titre. Qui sont ces amants potentiels ? Les deux figures immobiles assises sur le canapé ? L’image et le son ? Hier (le haut de forme est-il un accoutrement de bal masqué ou le chapeau d’un revenant ?) et aujourd’hui ? Le cinéma muet et celui d’aujourd’hui ? Tout est possible. A vous de voir.
Jean-Pierre Rehm