Moncef Kahloucha gagne sa vie comme peintre en bâtiment. Mais ses activités sont loin de s’arrêter à couvrir les murs de blanc. Il y projette surtout bien des couleurs. Car Moncef Kahloucha est cinéaste à ses heures, mais aussi acteur, décorateur, producteur, graphiste, distributeur, exploitant, etc. Films de gangsters, remake pittoresque de Tarzan intitulé « Tarzan des arabes » tous les genres sont sollicités, au même titre que ses voisins et amis, leur maison et leur mobilier, enrégimentés pour la cause. Toujours tournés dans son village avec les moyens du bord, les films sont projetés, le montage achevé, aux spectateurs du cru avant que les cassettes ne circulent jusque dans les chambres des exilés, hilares de reconnaître leurs familiers sous divers accoutrements. Si dans ce premier film, Néjib Belkadhi rend hommage à la passion du cinéma, il célèbre surtout l’énergie dont une population a décidé de s’enrichir, refusant par le rêve, l’astuce et la joie, l’oppression de la misère.
Jean-Pierre Rehm