L’univers carcéral, univers clos par excellence, excessif, aux situations exacerbées, fascine presque trop facilement par son évidence même. Dans El Comité, le cinéaste équatorien Mateo Herrera s’attache certes à filmer au quotidien la vie (ou plutôt la survie) des détenus du pénitencier Garcia Moreno, prison centrale de Quito. Mais pas seulement. Le film parcourt les arcanes d’un microcosme forcé avec ses modes de régulation interne, ses violences, ses règles, où les trajectoires individuelles se nouent à l’aventure collective, dans un mouvement épique et halletant. Mateo Herrera nous plonge dans un brouhaha incessant avec une caméra très mobile qui colle au plus près du moindre événement, toujours à l’affût des gestes, des détails. La vie en communauté traversée par les enjeux de pouvoirs, le comité de prisonniers, les clans, la corruption, qui à tout instant nous renvoient à un dehors (le nôtre ?), dont le film offre un miroir brisé.
Nicolas Feodoroff