Un dénommé Hossein, ancien drogué à la personnalité perturbée, a pris part à l’incendie d’un cinéma où près de 400 personnes ont péri. C’était en Iran en 1979, quelques mois avant la Révolution, et ce geste était une tentative délirante de participer aux soulèvements en cours. Une fois le nouveau régime en place, Hossein plaide coupable et demande à être jugé et puni, mais il ne rencontre qu’indifférence, et l’affaire est classée sans suite. Par ailleurs, le film qui passait sur l’écran du cinéma au moment de sa mise à feu mettait en scène la rédemption d’un personnage, Seyyed, ancien drogué lui aussi, qui devient révolutionnaire et meurt par balles dans un affrontement avec la police, rattrapant ainsi ses fautes passées. Dans une reconstitution très sobre, dans le huis clos d’une pièce où Hossein se confronte aux images de Seyyed sur une télévision, Afrassiabi Babak reprend les confessions du pyromane et tente de renouer les fils entre ces deux personnages, l’un réel, l’autre fictif, l’un perdu, l’autre racheté, pour tenter de faire le portrait inhabituel de ce moment de l’Histoire où chacun peut se sentir invité à y entrer. Ne s’épargnant aucune des complexités qu’un tel chassé-croisé affolé ne manque de produire, Babak propose en une durée ramassée un film compact, sans le diluant auquel le titre fait en effet allusion.
Jean-Pierre Rehm