« La situation en Amérique Latine : crise entre les valeurs traditionnelles de la culture ibérique et l’actuelle tragédie du sous-développement. C’est un état de transe. Crise idéologique, culturelle, économique, politique, morale. Un continent sans valeurs définies, constamment menacé par le monde civilisé. C’est un état de transe.
Dans notre société, tout est à faire : ouvrir des routes dans les forêts, peupler les déserts, alphabétiser les masses, dominer les fleuves, promouvoir le travail. Dans notre cinéma, tout est à faire : la technique, l’esthétique, la distribution, l’exploitation, la production. Tout ceci, simultanément. Nous devons faire notre cinéma tandis que nos personnages essaient de faire l’Histoire. C’est un état de transe. Un cinéma qui n’accepte pas le passé, qui n’accepte pas d’influences culturelles, un cinéma qui se débat entre la nouveauté ou l’inexistence, c’est un cinéma en état de transe. La beauté et la justice sont des idéaux romantiques. Je déteste les héros de ce film et, pour cette raison, ne désire pas qu’ils fascinent le public. Mon héros, un poète dont le langage est impuissant car, dans son monde, la beauté a déjà été dépassée par la réalité, préfère la mort anarchique à une existence opprimée par le fascisme. Entre Dieu et le Diable, entre la Gauche et la Droite, ces personnages, saisis d’angoisse, d’aliénation et d’érotisme, se débattent solitaires dans l’attente du destin. Un destin qu’ils doivent atteindre par la violence, par le désordre esthétique et moral de la violence. »
Glauber Rocha, 1967
in Théâtres au cinéma/Glauber Rocha. Anthologie du cinéma brésilien
des années 60 aux années 80, Nelson Rodrigues – Collection Magic Cinéma
Fiche technique
ÉCRAN PARALLÈLE / Retrospective Glauber Rocha
Brésil, 1967, Couleur, 35 mm, 115’
Avec Jardel Filho, Paulo Autran, José Lewgoy, Glauce Rocha, DanuzaLeao, Paulo Gracindo, Hugo Carvana, Jofre Soares, Modesto de Souza, Màrio Lago, Flàavio Magliaccio