« Ce film est une improvisation. Un journal de travail. Un poème un peu long fait de morceaux d’autres films, de bout de phrases, de musiques et de sons d’un peu de tout. Écrit dans la langue du cinéma. Sans dialogues. Sans commentaire. Muet. Mais bavard aussi parce qu’il raconte beaucoup d’histoires. Une vingtaine. Brèves, infimes et qui mises ensemble font ce qu’on appelle la grande histoire. Ça parle d’Amérique. Donc de nous. Des morceaux de la vie de chacun. Un enfant, son père, sa mère, le lapin, le chien, les fleurs, votre enfance, la mienne, la nôtre. Les Indiens, Christophe Colomb, Apollo, la lune. Chaque personnage dit je. C’est le journal intime de chacun. L’autobiographie de tout le monde… » Voilà comment des Pallières présente son dernier opus, dont Diane Wellington (2010), avait déjà donné la méthode : montage d’archives anonymes au service de récits collectifs pour engranger, bien plus que des savoirs : des sensations, des émotions, et faire mûrir entre elles des greffes inédites. Si Gertrude Stein, dont il avait fait le Portrait Incomplet reste là, en embuscade, c’est dans cet art de faire tenir les choses ensemble en un fragile monument qui menace sans cesse de s’effondrer, nous emportant avec bonheur dans sa chute.
Jean-Pierre Rehm