Avec The Big Durian (2003) et The Year of Living vicariously (2005) montrés au FID, Amir Muhammad nous a rendus familiers avec sa façon d’aborder la société Malaise. Attentif à souligner les liens entre l’actualité et l’archaïque, l’exercice démocratique et les légendes populaires, les puissances de la fiction et la négociation avec le réel, son écriture filmique se revendique à chaque reprise singulière. Retraçant cette fois la biographie de Chin Peng, chef exilé d’un Parti Communiste aujourd’hui interdit en Malaisie, il entremêle à nouveau passé et présent. Au présent, les images banales du quotidien ; le passé est évoqué par des intertitres en surimpression, des dessins ou des témoignages de contemporains du leader. Par le biais du récit de l’existence de Peng, c’est un large pan de l’histoire malaise qui est parcouru pour arriver jusqu’à nos jours. Pour corser l’ensemble et faire un clin d’oeil à l’imagerie révolue, à la place d’archives ou de reconstitutions frauduleuses, il a fait composer et interpréter hors contexte des morceaux chantés de comédie musicale à la manière des anciens spectacles de propagande.
Jean-Pierre Rehm