MARSEILLE

Sophie, photographe berlinoise venue à Marseille, arpente ses rues. Elle regarde des choses, nous ne voyons pas lesquelles. A la place, Schanelec filme le flux des voitures, des agents de sécurité faisant respecter une interdiction incompréhensible de prendre des photos, des enfants se chamaillant dans la rue, un conducteur de bus lisant le journal en attendant de redémarrer. Sophie flirte avec un mécanicien rencontré par hasard, puis rentre à Berlin, où elle retrouve sa vraie vie, qu’elle voudrait quitter sans y parvenir – Hanna, sa meilleure amie, et Ivan, le mari de celle-ci, qu’elle aime en silence.
Marseille est aussi saturée de lumière et ouverte aux quatre vents que Berlin est repliée sur elle-même, envahie de nuit. Dans ces villes, les personnages ne cessent de s’échanger des choses – un appartement à Berlin contre un autre à Marseille, la chanson 70’s Mein Freund der Baum contre La Mer de Trenet, une voiture contre une soirée dans un bar. Mais ils préfèrent se frôler plutôt que de se rencontrer, se contourner plutôt que de se dire qu’ils s’aiment. Comme s’ils pouvaient constamment se laisser aller au gré du hasard, éviter de choisir, jusqu’à ce qu’un événement extérieur les y oblige. (M.H.)