Grand Portage s’ouvre sur des gardes forestiers qui jouent le rôle « d’acteurs de re- constitutions historiques » au Monument National de la Réserve de Grand Portage (GPNM) situé à la frontière entre le Canada et les États-Unis. Le film commence comme une méditation sur une Histoire possible tout en mettant au premier plan les récits de la tribu des Ojibwés. Il remonte jusqu’aux origines de l’histoire de la tribu des Métis et des Bispirituels longtemps ignorés, tombés dans l’oubli ou mis de côté autour du Lac Supérieur. Ce processus permet de remettre en question ce qui nourrit les versions coloniales occidentales régnantes au sujet de l’histoire du commerce de la fourrure. S’appuyant sur le GPNM et sa tentative de reconstitu- tion historique, les personnages recourent au affects, à une esthétique d’imper- fection. Traitant tout à la fois de l’Histoire en général et des histoires spécifiques régionales et des peuples, Grand Portage s’intéresse à la façon dont l’Histoire est racontée actuellement. Alors que les personnages partent du Minnesota vers le nord-ouest en longeant les voies navigables par les canoës à l’époque, les distinc- tions simplistes entre présent et passé, fiction et documentaire, figure historique et personnage s’estompent.
Julia Pello