Composé de fragments qui se renvoient et se télescopent les uns avec les autres, créant ainsi de multiples jeux de temporalité et de spatialité, ce film montre sur une durée de trois ans (juillet 2007- novembre 2010), les conditions de vie des personnes migrantes à Calais. Par là-même, il montre comment les politiques engagées par les États policiers modernes débordent le cadre de la loi, et font surgir des zones grises, des interstices, des espaces d’indistinctions entre l’exception et la règle.
Les individus (et au premier chef, comme énonciation des « vaincus », parias ou plèbe contemporaine : les réfugiés, les déplacés, les immigrés, les sans-papiers, mais aussi les chômeurs, les jeunes de banlieue…), se voient ainsi traités comme des criminels, sont dépouillés, « dénudés » des droits les plus élémentaires qui font d’eux des sujets de droit, et réduits à l’état de « corps purs », ou « vie nue ».
Sylvain George