• Compétition Internationale

EVERYDAY MADONNA

Nadim Asfar

Au départ, l’été 2006, l’armée israélienne bombarde le Sud Liban. « Au cours de ce mois, je me disais tous les jours que je pouvais disparaître, et avec moi toutes les images et tous les sons qui sont en moi, ma façon de vivre, de marcher, de me réveiller dans mon appartement. J’ai voulu commencer à laisser une trace d’événements qui ne peuvent se produire qu’ici et maintenant, et uniquement parce que je les vois », précise le jeune Nadim Asfar, cinéaste et photographe. La menace de destruction passée, reste la peur de la perte, la menace du temps qui échappe. Mais comment faire image d’un sentiment ? De presque rien? Comment retenir un quotidien dans sa fugacité? Everyday Madonna choisit l’épure : rester dans son appartement à fabriquer des images. Sons enregistrés, exploration en filmant les objets dans leur matérialité opaque, ténue aussi : un plan s’attarde sur un coin de table, un autre capte une lumière sur le mur. Beyrouth quant à elle, spectre réduit à la rue et aux immeubles attenants, est observée de la fenêtre.
De la caméra au viseur de l’appareil photo (puisqu’il filme souvent à travers le viseur de l’appareil photo, redoublant la distance), de l’écran au cadre de la fenêtre, les images s’affichent limitées. Se déploie un temps qui s’étire, hésite entre le suspens d’une menace indéfinie et d’une attente sans objet. Deux fantômes cohabitent, celui du cinéaste, tout d’ombres, et celui, lointain, mais inverse, de la star internationale, archétype de la présence.

 Nicolas Féodoroff

  • Compétition Internationale

Fiche technique

LIBAN
2009
Couleur
HD
39’

Version originale
muet
Image et son
Nadim Asfar
Montage
Rana Sabbagha, Farah Fayed

Production
Nadim Asfar

Filmographie
EMPREINTE 1, 2007
TROUBLE, 2001