Riano, un petit village en Espagne, a disparu en 1987 sous une inondation entraînée par la construction d’un lac artificiel destinée à alimenter un barrage. Trois personnages, Javier, Luis et Natalia, ont passé plus d’un an à sillonner à pied cette zone où sept autres villages ont été engloutis. Dans quel but, cette marche? Mener une enquête? Découvrir un secret? Faire un film ? On le dirait, même si celui qui défile devant nos yeux ressemble davantage de prime abord à un making of ou à des rushs maladroitement assemblés.
C’est peut-être que ces bouts d’un film en train de se fabriquer jouent à la façon de citations, malmenées mais destinées à renvoyer à une autre histoire. Tout le travail du son le souligne, le off, la désynchro, quelque chose a du mal à se dire. Lambeaux de cinéma en écho à une mémoire déchirée : il ne s’agit plus seulement dès lors d’inondation et de barrage, mais d’un oubli bien plus ample, celui qui recouvre encore les chroniques de la Guerre civile.
Los Hijos est le nom d’un collectif de trois jeunes cinéastes. Ambitieux, ils s’attaquent à l’Histoire de leur pays ; prudents, ils s’arment de cinéma. Au final, un bien beau matériel, complexe, joueur, astucieux et refusant toutes les paresses. À nous de participer au travail.
Jean-Pierre Rehm