Une ferme désolée dans la Hongrie du Sud. Un couple à la soixantaine y mène une vie morne rythmée par les rituels les plus vains : lever, repas, coucher, quelques gestes, au milieu de rares animaux, pour s’assurer qu’on survit encore. Mais ce qui est documenté là tient moins du fastidieux de l’existence domestique qu’aux émois en creux que celle-ci a pour mission de protéger. Peuton enregistrer, sans l’appui de la fiction, la disparition de l’amour et sa désertion dans les souvenirs solitaires ? C’est ce pari beckettien que relève ce premier film d’une triste et sobre beauté.
Jean-Pierre Rehm