• Hommage Paul Vecchiali

UN SOUPÇON D’AMOUR

Paul Vecchiali

Portrait d’une tragédienne tourmentée. Alors que son adolescent est l’objet de toutes ses attentions, les bribes d’un traumatisme profond resurgissent peu à peu.

Le théâtre et l’amour, encore. L’écrin de la scène et de ses lourdes tentures comme lieu de cristallisation des désordres psychiques. A mesure que Vecchiali prenait de l’âge, son cinéma ne cessait de se rapprocher des sphères les plus intimes de la domesticité. Pas tant la sexualité qui est ici le seul élément à ne pas poser problème, sauf en ce que le consentement à l’adultère de l’autre signale une absence de soi aux autres et au monde. Un soupçon d’amour peut être vu comme la réponse d’un cinéaste à un autre, Cassavetes, dont les films lui semblaient narcissiques, démonstratifs, et enclins – sous couvert d’indépendance – à la plus américaine des efficacités. Ou encore, comme le dit son personnage de metteur en scène : « Une comédienne lucide est une mauvaise comédienne qui se regarde jouer ». On peut ne pas partager cette flèche décochée par un franc-tireur à un autre. Il n’empêche qu’elle dit beaucoup du lieu d’où il nous parle. Pour faire le portrait d’une femme sous influence, Vecchiali a toujours préféré l’artifice comme un dispositif d’éclairage, le miroir comme mode de transport à l’intérieur de la psyché des personnages, les jeux de langue comme pudeur dynamique des échanges, et le mélodrame comme ethos. Soit la douceur implacable de ces mouvements de caméras qui, à mesure qu’ils cheminent vers les corps, vident les plans de leur substance de sitcom ensoleillé, des mises en espace que les personnages s’inventent, pour saisir cet instant de vérité où les mots, soudain, manquent. Entre les images, des vibrations de polar et de fantastique résonnent comme des harmoniques, pour mieux nous ramener à la question essentielle : comment vivre avec la mort ?

DB

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Fiche technique

France / 2020 / 90’