• Hommage Paul Vecchiali

LA MACHINE

Paul Vecchiali

A ceux qui se demanderaient encore si l’on peut traiter d’un imposant sujet de société par les seuls moyens du cinéma, La Machine apporte une réponse définitive, empathique sans être sentimentale, intelligente sans être bien-pensante. Soit un meurtre d’enfant, acte qui révolte tout un pays à l’heure où la question de l’abolition de la peine de mort le divise. Le tour de force du film est de substituer au traitement univoque attendu une simple structure autour de laquelle vont s’agglomérer des points de vue éclatés que chaque comédien va devoir construire seul et défendre bec et ongle contre les autres. Charge aux milles yeux de Vecchiali, diabolique laborantin, d’élaborer le protocole expérimental, de provoquer des évènements, de les agencer pour recréer avec ce matériau composite la ligne droite qui emmènera l’assassin jusqu’à l’échafaud, dans le tumulte de toutes les machines à broyer : médicales, judiciaires, médiatiques, sociétales. Plus fort encore, le film est tout le contraire de ce que laisserait penser l’énonciation de cette ingénierie abstraite : violemment incarné, habité par un Jean-Christophe Bouvet halluciné qui joue au chat et à la souris avec la caméra scalpel du cinéaste, hanté par la comptine dissonante de Roland Vincent qui évoque conjointement l’élan ludique de l’enfant et sa mort déjà autopsiée. Malaise dialectique, qui dit tout de la puissance glaçante du film.

DB

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Fiche technique

France / 1977 / 100’