• Hommage Paul Vecchiali

ONCE MORE

Paul Vecchiali

L’urgence d’une situation (offrir un film à un ami comédien condamné par la maladie) et le désir de révolte contre la bêtise politicienne (Pasqua déclarant que le Sida représentait la punition divine des homosexuels) forment l’impulsion première de Vecchiali qui livre ici la somme provisoire de son œuvre, un film entièrement subordonné à l’expression du sentiment écorché qui lui dicte l’organisation de l’espace et du temps de cet opéra tragique et trivial. Soit dix fragments de la vie de Louis saisis en autant d’années, un cycle existentiel complet à l’échelle d’un homme. Scènes pivots de la trajectoire d’un adulte entre deux âges, de l’implosion de son couple bourgeois à son dernier souffle. Tout commence dans la saturation chromatique de la chambre conjugale où il étouffe au contact du corps brûlant d’une femme qu’il ne désire plus, avec, pour seules lignes de fuite, deux double portes qui permettent au récit, tout en restant ancré dans l’espace, de voyager dans le temps. Avec l’écrin du plan-séquence et le flux théâtralisé de la prosodie comme seule écriture à même de chorégraphier à juste distance ces ondes de sensations contradictoires qui le font tour à tour se retirer du monde ou l’embrasser à pleine bouche. Et, par son intensité lyrique, ramasser en son mouvement tout le hors champs, le hors -temps, le hors montage dont il se nourrit. « Le monde bouge. Et on ne le sent pas bouger quand on bouge avec lui ». Les mots de Louis font écho à la morale du cinéaste. En choisissant de filmer frontalement l’amour à mort, Vecchiali défie le regard d’une société qui juge, et donne à ce film générationnel une portée universelle.

DB

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Fiche technique

France / 1988 / 87’