« Quelque part près de la Mer Noire, dans une ville minière post soviétique. Une très jeune femme se prête à une expérience électro-télépathique solaire via un « excitator », version « do-it-yourself » des expérimentations parapsychiques de la guerre froide. Les radiations du soleil sont transformées en énergie électrique stimulant les couches de sa conscience et causant une explosion de souvenirs la démultipliant en divers personnages, activités, temporalités. Autant de visions collectives emboîtées les unes dans les autres. » Comme dans leurs films précédents, leurs mots en donnent la mesure, l’ambition est haute. C’est celle d’une méditation sur l’Histoire, mais toujours avec des moyens artisanaux, et au service de la matérialité la plus modeste. Poussière, tapis, bol de salade, sablier, fiole de verre, pas de danse, casquettes, etc., égrainent un monde tangible, mais saisi comme au bord de sa disparition. Proche de ce qu’elle filme, la caméra fait sentir l’épaisseur des éléments, fussent-ils, par exemple, aussi labiles que le flux électrique ou l’étoffe des songes. Même les commentaires, ces voix off fantomatiques, sont emportés dans la brume d’un onirisme qui se refuse aux limites de l’espace véritable. Jamais aveuglante, ce à quoi nous entraîne cette expérience du soleil, plutôt qu’aux accents d’une conquête (la fameuse Victoire sur le Soleil), célèbre les langueurs de l’abandon.Élise Florenty Marcel Türkowsky
Jean-Pierre Rehm