Soient un tableau de salle de classe, un professeur de mathématiques et, en guise de titre, un appel emprunté à Auguste Blanqui. Le décor est planté. Pour un cours? Non, se joue autre chose. Avec quels acteurs alors? Des collégiens, dont les voix se succèdent dans un allemand hésitant, à chanter d’abord un extrait du Parsifal de Wagner. Le pari ? Pas tant de donner la parole, vieille affaire illusoire, garantie d’une authenticité supposée, mais plutôt : donner les moyens d’inventer une telle parole, de la construire. Viendront ensuite d’autres vers, ceux de Mahmoud Darwich, de Rimbaud, de Platon relu par Alain Badiou, de Joy Division aussi. Mouvements des mots alliés à ceux des corps adolescents, éloge de la course dans les espaces de l’école traversée par ces agilités, échappée vers une ville prise à revers : contourner, escalader, passer du noir au blanc. S’élabore dans le film une dialectique et une politique des corps individuels, magnifiés ici comme porteurs d’Histoire. Dans une France dénoncée post-coloniale, à laquelle s’adjoint un détour en Palestine, les Histoires circulent. Ainsi, depuis l’école, Laurent Krief, dans ce premier film à l’ambition affichée, fait des mots, du dialogue philosophique et de la poésie, les ennemis du savoir académique : une prise d’une guerre pour une émancipation à venir. Laurent KRIEF
Nicolas Féodoroff