Comme on sait, la peine de mort est toujours en vigueur dans certains États des États-Unis. Comme on sait ? C’est justement la nature de ce savoir, son éloignement, son abstraction et la discrétion perverse de l’application d’une telle loi qu’entendent remettre en cause, après tant d’autres, Arnaud Gaillard et Florent Vassault. En choisissant d’éviter deux pièges : répéter l’abstraction en abordant à traits trop larges un dossier si épais ; aveugler de pathétique en n’exhibant que la douleur singulière. Aussi ont-ils pris le parti de faire trois rencontres, manière de restituer trois expériences, contre champs de celles de ces nombreux condamnés, invisibles de toute façon pour la plupart. La famille d’une victime qui a choisi d’aller assister à l’exécution du meurtrier ; un homme, jugé sous le coup d’une erreur judicaire ; la mère d’un détenu incarcéré non loin de chez elle. Au milieu de ces témoignages, un avocat prend la parole, explicite, élargit à l’histoire du pays. Si lene revendique pas davantage que la modestie d’un klaxon, comme celui que s’applique à faire résonner de la route qui longe la prison la mère du troisième volet, et qui donne son titre à l’ensemble, un tel signal n’en reste pas moins vigoureux rappel au scandale
Jean-Pierre Rehm