• Compétition Française  
  • Compétition Premier Film

LES HOMMES DEBOUT

Jérémy Gravayat

Célébrer la mémoire ouvrière, ce n’est pas simple. Le motif sert si souvent un cynisme qui s’ignore, à redoubler l’oubli en multipliant mécaniquement la complaisance, en malaxant marxisme et christianisme en une pâte homogène, indigeste. Le pari devient donc défi, que tient bravement ici Jeremy Gravayat dans ce premier film. Au pathos odieux, à l’univoque d’un martyr répété et capitalisé, il a préféré le risque et le flou de l’impureté, largement déployée. Impureté du noir et blanc mélangé à la couleur, par exemple, qui signe le brouillage de chronologies trop attendues et de présences si évidentes qu’il faut s’employer autrement à les faire vibrer, c’est-à-dire à les faire exister jusque dans leur hésitation. Impureté d’une filiation qui ose arc-bouter de vieux travailleurs immigrés à la figure de jeunes hommes errants, clochardisés. Impureté de la confrontation d’archives aux images aujourd’hui. Impureté des échos sonores enfin, et surtout, qui semblent les vrais guides d’un film qui joue avec astuce de sa structure en forme de reprise, de relais entre avant-hier et aujourd’hui. Les hommes debout désignés par le titre, ils ont d’abord titubé. Au rythme de leur aliénation, de leur relégation, d’hier, d’aujourd’hui, au rythme de chansons gravées sur cassettes ou sur de vieux vinyles. Leurs paroles ou leur mutisme viennent également dans ces refrains emprunter quelque tenue, pas davantage, mais ça autorise l’image à se trouver des complicités, et à ce film à s’avancer sans garde-fou.

Jean-Pierre Rehm

  • Compétition Française  
  • Compétition Premier Film

Fiche technique

Mention spéciale du Prix des Médiathèques

FRANCE
2010
Couleur et N&B
Super 8 et MiniDV
77’

Version originale
Français, arabe, allemand
Sous-titres
Français
Image
Jeremy Gravayat
Son
Jean-Baptiste Fribourg, Gil Savoy
Montage
Jeremy Gravayat

Avec
Amor Boughanmi, Hassan Guaid, Romuald Fogolin

Production et distribution
Les Inattendus