Pendant trois ans, John Gianvito a arpenté les Etats-Unis avec sa caméra. Il y a recueilli des textes publics, de ceux destinés au passant, voire au pèlerin, pour les lire au plein jour : panonceaux historiques saturés d’informations lapidaires, pierres tombales dépositaires d’épitaphes, monuments divers. Il y a aussi filmé des paysages, témoins muets de drames passés. Tous ces signes sont rassemblés pour tracer, plan après plan, une certaine histoire de la lutte émancipatrice du pays. Aucun commentaire ne vient redoubler l’image, personne ne vient ajouter sa science à l’expérience manifeste du visible et du lisible, le spectateur se retrouve seul avec les signatures d’époques qui se sont soulevées pour lui. Méditation sur la géographie, sur la capacité d’enregistrement et de mémoire que détient le cinéma, quelque chose insiste ici. Quoi ? Ce vent qui murmure, dont nous parle le titre, et qui n’a pas cessé de souffler. C’est même à ajouter à son élan, pour qu’il nous arrive aujourd’hui fort de son intacte puissance, que ce calme projet tout entier se dédie.
Jean-Pierre Rehm