Carte Blanche FIDMarseille dans le cadre de Nuit de l’Instant

En partenariat avec les ABD, la Collection d’entreprise Neuflize OBC, le CNAP, le FRAC SUD, les Instants Vidéo, le réseau Diagonal, le FIDMarseille, les galeries Sit down et THM, et Mouvement

Depuis 2010, La Nuit de l’Instant propose une programmation riche et variée, basée sur les utilisations contemporaines de la photographie. Après 4 ans d’absence, elle présente, les, une trentaine d’artistes dans une dizaine de lieux inattendus, pour vous offrir une déambulation surprenante entre les Archives Départementales des Bouches-du-Rhône et la rue de la Joliette.

L’occasion de découvrir au hasard du parcours : un éléphant à Rome, Sangatte hors-saison, des mots sur La Canebière, les contes d’un casseur de pierres, l’invasion extraterrestre de la Busserine, Superwoman, l’aridité du désert vénézuélien…

  • Compétition Internationale

Field niggas

Khalik Allah

MENTION SPÉCIALE DU PRIX MARSEILLE ESPÉRANCE

Extérieur nuit, au coin de la 125e et Lexington Avenue, Harlem. Khalik Allah, photographe dans la lignée de Bruce Davidson, y filme ceux qu’il rencontre, leurs récits jetés, scandés, leurs invectives, les gestes, capte les corps et les visages. Noirs dans leur très grande majorité. L’image qu’il obtient ne ressemble en rien à celles que peignent d’ordinaire les medias de ce monde nocturne de sans logis, de junkies, pauvres des pauvres qui au mieux indiffèrent et plus souvent font peur. Couleurs saturées, usage du ralenti, profondeur des contrastes : Khalik Allah donne à ses personnages une beauté fascinante. D’une figure à l’autre se dessine un portrait collectif, épique, où voix et corps disjoints construisent l’espace polyphonique d’une destinée commune. Ces Field Niggas apparaissent dès lors comme un écho contemporain aux field negroes évoqués par Malcolm X, ces esclaves qui refusaient toute allégeance ou proximité avec leur maîtres, par opposition à la minorité des house negroes. Lecture encore actuelle ? Tel est l’enjeu autant que le programme du fi lm, alors que les récents meurtres de noirs par des policiers blancs – qui les justifient par la peur – rappellent que les États-Unis n’en ont pas fini avec le racisme. La vidéo de la mort d’Eric Garner, corps étranger dont la laideur jure au milieu de ce monde nocturne et quasi maniériste construit par Khalik Allah, trouve alors tout son sens dans un fi lm qui proclame avant tout la fragilité de ceux à qui il donne la parole. (NF)