Solo est un long-métrage expérimental en vidéo, conçu à la lisière de la fiction et du réel, ou, plus précisément, du discours et du jeu. Le film commence sur le discours, évolue vers la fiction, créant progressivement sa propre contre-fiction, comme la narration dans une toile d’Escher, les espaces négatifs et positifs faisant tous deux sens. La fiction comme la contre-fiction sont interprétées par des solistes et dans les deux cas par un homme incarnant une femme (mais pas un drag queen). Le cœur de la « fiction frontale » se situe dans un mode d’expression moderne de la représentation scénique indienne d’aujourd’hui. La performance de fond, dans son sens le plus pur, s’inscrit dans la tradition théâtrale sanskrite Koodiyattam, revisitée, contemporanisée. Les deux récits – celui de Brhannala et celui d’Uttara – proviennent du Mahabharata, dans des interprétations improvisées. Le discours utilise différentes techniques de respiration utilisées dans le Koodiyattam pour stimuler les expressions faciales. Cette méthode remplace la psychologie de l’acteur et se soucie moins des intentions et motivations intérieures que de leur physicalité. Solo est une exploration, une réflexion sur le filmage de la performance, utilisant la vidéo comme art plastique pour capturer, peindre, sculpter le corps humain de manière intime. En parallèle, en s’appuyant sur un récit unique à double face, en deux versions pendants, Solo tente de recréer les bases de la narration cinématographique.
Soudhamini