Il y a une femme. Puis une autre femme, un peu plus grande. Elles sont, le titre le dit, on le croit du coup on scrute, au pays d’Ubu. La première femme ouvre un parapluie bleu dans le bus. Elle mange une tomate rouge sur un banc. C’est le banc d’un cimetière. Elle s’y promène au milieu des tombes. S’y couche, y dort un peu. L’autre femme joue du violon. On ne le sait pas tout de suite, même si c’était elle qu’on entendait depuis le début. Elle joue du violon devant d’autres femmes, âgées. C’est une maison de retraite. Le film va plus vite que la vie qui va plus lentement qu’ailleurs. Quelque chose a disparu, on n’est pas sûr de quoi, mais on le sent c’est sûr. Quelque chose repose au milieu des tombes. Les rues, les immeubles, les intérieurs le chuchotent. Même surchargés d’objets, de babioles, de plantes vertes, même occupés à faire tenir tout ce fatras debout, les intérieurs ne parlent que de ça. La lumière aussi le dit. Et les cordes du violon d’Anieszka. Ça n’empêche pas la beauté, ça n’empêche pas la gaieté non plus. Ça n’empêche rien, ça ouvre au contraire. Oui, ça ouvre.
Jean-Pierre Rehm