• Compétition Internationale

He Fengming

Wang Bing

Fengming parle, face caméra, pendant trois heures. Âgée de plus de soixante dix ans, elle raconte sa vie. Depuis les débuts de la révolution chinoise en 1957, où, jeune femme, elle prend une part active dans cette aventure, pour faire rapidement l’expérience de tristes déconvenues, jusqu’à aujourd’hui. Accusés, elle et son époux d’être déviants “droitistes”, ils seront tous deux sévèrement punis, et le récit enchaîne les drames. Après la fameuse fresque épique d’A l’Ouest des Rails (Grand Prix FID 2003), Wang Bing a tourné cette fois à huis clos. Eustache en avait fait le pari avec Numéro Zéro : se poser à l’écoute d’une archive vivante pour permettre à une large tranche d’Histoire de se déployer physiquement. Cette humble fixité permet à Wang Bing de se concentrer sur la grandeur de ce qu’on appelle, d’un mot si méconnu en vérité, un témoignage. Faire entrer dans un espace limité l’illimitation. Laquelle ? Celle de cette époque, bien sûr, vaste, complexe et encore si pleine de secrets. Mais illimitation, surtout, du tort fait. Du coup, dans cet espace restreint, plus tout à fait domestique, l’accent se porte sur tous les accidents de l’entretien. Ce sont eux qui prennent le relais du récit pour lui accorder toute son ampleur tragique. Ainsi, par exemple, la tombée de la nuit qui plonge le film dans l’obscurité jusqu’à ce que, après un long noir, l’on se souvienne de l’existence de la lumière électrique. Ainsi encore les sorties régulières de Fengming hors du champ. Filmer l’Histoire de son pays, filmer un corps, filmer l’emprise de l’un sur l’autre, telle est l’ambition sèche et généreuse de cette chronique.

Jean-Pierre Rehm

  • Compétition Internationale

Fiche technique

Prix Georges de Beauregard International

CHINE
2007
Couleur
DV
186’

Version originale
Mandarin
Sous titres
Anglais
Image
Wang Bing
Son
Jinguang Shen
Montage
Adam Kerby

Production
Wil Productions
Distribution
LTD

Filmographie
Tie Xi Qu (A l’ouest des rails), 2003
l