Invincible jadis, aujourd’hui transformé en parc d’attractions pour touristes chinois : fatal destin du porte-avions Kiev, où se livre une adéquate métonymie du déclin de l’URSS, jusqu’à sa dilution parodique dans le capitalisme. Premier mouvement que redouble un second, aussi essentiel : une patience et une générosité ramènent ici à la surface, fantômes et d’autant plus beaux, maintenus dans une immobilité au bord de l’Histoire, plusieurs mondes qu’on aurait pu croire enfuis : pêcheurs, anciens membres d’équipage, élèves de l’école navale, etc. Auf allen meeren, Sur toutes les mers du monde, c’est cela : une courbe tracée autour de la Terre elle-même.
Emmanuel Burdeau