Rétrospective Paul Vecchiali – 70’s / 80’s

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Rétrospective Paul Vecchiali – 70’s / 80’s

Du 1er au 29 décembre 2023 à La Baleine, tous les vendredis à 21h00

Paul Vecchiali, cinéaste libre, subversif, queer et intemporel, a marqué toute une génération de cinéastes et nous a tristement quitté en janvier 2023. Loué par Pasolini et Godard, le cinéma de Vecchiali est tout entier taillé dans le désir : celui des corps, de l’autre, du cinéma. Celui de s’affranchir des codes et des genres, d’une liberté sans limites.

Redécouvrez en décembre 5 joyaux de ce cinéaste iconoclaste, immense précurseur d’un cinéma queer à la française.

Une programmation concoctée par Cyril Neyrat, en partenariat avec La Baleine et Shellac Films.

FEMMES FEMMES

Paul Vecchiali
France, 1974, 122′

Sonia et Hélène ont autrefois épousé le même homme, Julien, et la même profession, actrices. Partageant un appartement parisien, dépourvues de la célébrité des stars dont les visages tapissent leurs murs comme de la rancune qui rongeait les sœurs de Baby Jane, elles boivent un maximum de champagne, dramatisent en permanence leur vie quotidienne et chantent comme dans une comédie musicale. Parfois, aussi, elles passent une annonce afin de rencontrer un homme, puis se souviennent qu’elles n’en voulaient pas vraiment.

« Pour moi il était évident que cette première séquence était la matrice de tout le film, un thème à partir duquel la suite ne pouvait être que variations. Il était donc exclu de ne pas la faire en un seul plan. Le plan dure dix minutes quarante, on a mis trois jours à le faire, sur un tournage de seize jours. »

CHANGE PAS DE MAIN

Paul Vecchiali
France, 1975, 86′

Une femme politique en vue reçoit un film pornographique dans lequel figure son fils. Pour découvrir l’identité de ses maîtres-chanteurs, elle engage une détective privée.

« L’idée, c’était vraiment de faire la critique de la caricature : à chaque fois qu’on va vers une convention ou un cliché, on le renverse par le drame. Par exemple, la séquence qui commence par la scène paillarde sur le comptoir du bar se poursuit avec Sonia Saviange, qui part une bouteille de whisky à la main.Ce qui est un hommage à El Dorado d’Howard Hawks, avec Robert Mitchum et sa bouteille de whisky. »

CORPS À CŒUR

Paul Vecchiali
France, 1979, 126′

« Vous allez rire, je croyais au langage de classe », dit une pharmacienne à un garagiste qui se livrait pour elle à une tirade sur le requiem de Fauré. C’est la seule femme qui le refuse, donc la seule qu’il désire obstinément. Vivant dans une impasse de Kremin-Bicêtre qui ne tardera pas à se vider de ses derniers ouvriers, emblème d’un monde en voie de disparition, il se révolte partout où il le peut en revendiquant son droit à mener lui aussi une vie chargée de passion, malgré toutes les douleurs qu’elle entraîne.

« Corps à cœur, c’est le film que je rêvais de faire quand j’étais gosse. Les mélodrames des années 1930 sont vraiment les films qui m’ont fait vibrer et donné le secret désir d’en fabriquer moi-même. Si Surgère était une reine et Silberg un page, tout le monde s’en apercevrait, même s’il reste un doute car dans “mélo” il y a musique, et Corps à cœur est bâti sur le Requiem de Fauré. »

EN HAUT DES MARCHES

Paul Vecchiali
France, 1983, 92′

Françoise revient à Toulon, sa ville, après vingt ans d’absence… pour tuer. Qui veut-elle tuer ? Ces gens - des parents - qui occupent sa maison, une villa qu’elle avait fait construire au prix de lourds sacrifices. Pourquoi veut-elle tuer ? Parce que ces gens ont dénoncé, croit-elle, son mari comme collaborateur durant l’Occupation ? Pour mettre un terme à sa propre réussite sociale qui n’a déclenché qu’envies et calomnies ? Elle revit des moments de son passé… sa mère… l’école où elle-même était institutrice… son mari Charles… En haut des marches de la villa, que va trouver Françoise ? …

« C’est difficile d’être dans la tête d’une femme. Ayant un raisonnement masculin, j’ai du faire appel à des souvenirs liés notamment à ma mère, à ma tante. Il fallait que je la suive pas à pas, que je reste dans son intériorité. »

ONCE MORE (ENCORE)

Paul Vecchiali
France, 1988, 83′

Possession, prédation, simulation, contamination, humiliation, inceste : les rapports que Louis entretient avec sa femme, sa fille et ses amants dessinent une cartographie du désir dans ce qu’il a de plus quotidiennement toxique, de plus banalement destructeur, de plus précocement intégré. Le salut est-il à chercher dans la clandestinité, la nuit, l’invisible ? Quoi qu’il advienne dans ces marges que Louis explore comme des îles secrètes, là où la mort est une menace permanente, la vie surgit comme un cri.

« On m’a déjà dit que j’avais un univers morbide, alors que de l’intérieur je ressens Once More comme un hymne à la vie ! Lorsqu’on a compris que la mort fait partie de la vie, on a avancé. »